Il faut se retrousser les manches !
« J’adore les exercices ! », s’est exclamé le conseiller fédéral Ueli Maurer dans son discours d’introduction de la 2e Conférence du Réseau national de sécurité (RNS), le 28 mai 2015 à Interlaken. Son propos n’était pas de s’extasier sur les voitures de pompiers sirènes hurlantes ou les chars d’assaut en manœuvre, mais de mettre l’accent sur les bénéfices que l’on peut retirer d’un exercice : on y apprend non seulement à connaître ses partenaires, mais surtout ses propres points Faibles.
Mettre les enseignements en pratique
Ueli Maurer a constaté que de nombreux responsables avaient tendance à éviter les exercices, de peur de paraître ridicules. En parlant ainsi à ses auditeurs – 330 cadres et spécialistes de la gestion de crise provenant de l’administration, du monde politique et de l’économie privée –, il s’est adressé directement à leur conscience. Le chef du DDPS a insisté sur l’importance du travail post-exercice : « Les enseignements tirés doivent être mis en pratique ! ». Formule que les orateurs suivants se sont empressés de reprendre pour en faire le mot d’ordre de la conférence.
Bon sens et attitude positive
« Il n’y a rien de bon que l’on ne fasse » : Toni Frisch a fait écho aux propos du conseiller fédéral en citant le poète Erich Kästner. Le directeur du projet et de l’exercice a rappelé à quel point l’ERNS 14 avait été riche d’enseignements. Le rapport final consacré à l’exercice du Réseau national de sécurité détaille pas moins de 16 recommandations pour améliorer la collaboration entre la Confédération, les cantons et les autres partenaires dans les situations de crise. Toni Frisch, connu pour avoir longtemps dirigé le Corps suisse d’aide humanitaire (CSA), a démontré que les ressources consacrées à l’exercice représentaient un bon investissement : les gains d’efficacité qui en ont découlé ont même permis des économies. Pour parvenir à ce résultat, les responsables ont dû faire preuve de bon sens et adopter une attitude positive.
Réseau de données sécurisé
Le 20 mai déjà, le Conseil fédéral a confié au Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) la réalisation du projet de réseau de données sécurisé. Ce réseau a pour mission de garantir la communication entre les partenaires du RNS dans les situations d’urgence. Il doit donc maintenir la liaison entre les centres de conduite du gouvernement, les départements fédéraux, les cantons et les exploitants d’infrastructures critiques (centrales nucléaires, aéroports, etc.).
L’OFPP sollicité
Un simple coup d’œil sur la liste des recommandations de la direction d’exercice suffit pour se rendre compte que l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) est appelé à jouer un rôle clé à plusieurs niveaux : il faut poursuivre le développement de la présentation électronique de la situation, qui permet aux partenaires de partager une même vue d’ensemble de la situation et assure un niveau égal de connaissances ; mettre en place un système de gestion fédérale des ressources afin que les moyens nationaux et internationaux, civils et militaires, puissent être engagés de manière optimale ; et enfin, utiliser l’inventaire de la protection des infrastructures critiques pour les différents travaux de planification, qu’ils soient préventifs ou liés à des engagements.
Développer l’Etat-major fédéral ABCN
L’OFPP joue un rôle primordial au sein de l’Etat-major fédéral ABCN. Conçu dans un premier temps pour le seul cas d’une augmentation de la radioactivité (A), cet organisme a élargi ces dernières années son champ d’action aux domaines de la biologie (B), de la chimie (C) et des dangers naturels (N). Il faut désormais réexaminer son fonctionnement et poursuivre son développement, « qu’il s’agisse de son mandat, de sa fonction, de sa structure, de sa composition ou de sa désignation ».
Lors d’une des trois tables rondes organisées à Interlaken, Benno Bühlmann, le directeur de l’OFPP, a pu présenter l’Etat-major ABCN, qu’il préside : « Différentes compétences sont nécessaires en fonction du type d’événement, raison pour laquelle la composition de l’Etat-major fédéral doit être modulable. Il faut cependant un élément permanent, notamment dans les domaines de l’information, de la communication et de la gestion des ressources. » Et il y a du pain sur la planche, en particulier pour assurer sa capacité à fonctionner sur la durée.
Toujours entre deux exercices
Le Conseil fédéral a chargé le DDPS et la Chancellerie fédérale d’examiner ensemble l’organisation d’exercices à grande échelle ces prochaines années. Pour les responsables, il s’agit donc de se retrousser les manches. Et de ne pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis !
Pour en savoir plus :
Projet de réseau de données sécurisé
Exercice du Réseau national de sécurité 2014 : résultats et suivi