21 juin 2021

Assurer les soins en cas de crise est un défi

Le réchauffement climatique croissant nous fait prendre conscience d’une augmentation probable de la fréquence des catastrophes naturelles. En outre, l’interconnexion mondiale augmente les risques de crises dues à des facteurs techniques ou sociétaux et les défis en termes de protection de la population deviennent toujours plus complexes. Dans ce contexte, le Service sanitaire coordonné est amené à développer des formations appropriées afin de mieux préparer les spécialistes aux futurs scénarios de gestion de crise. La formation doit couvrir des domaines très variés tout en pouvant être utilisée dans une situation de stress.

Proposer de telles formations fait partie de la mission du Service sanitaire coordonné (SSC), qui consiste à assurer la fourniture de services médicaux dans toutes les situations. Dans une situation normale, la tâche du SSC est de se préparer le mieux possible à une urgence. Outre la formation, cela peut également se faire par le biais de travaux de conception, par exemple l’élaboration de plans d’évacuation. Dans les situations particulières ou extraordinaires, le SSC coordonne, entre autres, l’occupation des hôpitaux, la distribution de fournitures médicales et le travail de différents groupes d’experts pour soutenir les spécialistes sur le terrain.

Si d’une manière générale la prise en charge médicale de la population suisse fonctionne bien au quotidien, elle représente un défi en cas de crise. En temps normal, les hôpitaux sont tenus d’adopter un fonctionnement économique. Ils doivent par exemple réduire autant que possible les réserves non utilisées. Or ces ressources pourraient manquer dans une situation de crise avec un grand nombre de personnes blessées ou malades. On s’est aperçu lors de la pandémie de Covid 19 que le nombre de lits de soins intensifs suffisait à peine pour répondre à la forte augmentation de la demande d’assistance respiratoire.

Il n’a pas fonctionné sans retard

Lors de la première vague de Covid 19, il a fallu reporter des interventions électives afin de mobiliser le personnel des unités de soins intensifs. Cela a permis d’augmenter considérablement la disponibilité des lits, mais au détriment des procédures différées, et donc de la qualité de vie des patients concernés. Ces spécialistes supplémentaires « libérés » de leurs tâches ordinaires se sont retrouvés en disponibilité permanente ou engagés sur le terrain, ce qui les a très vite exposés au surmenage. La stratégie adoptée ne pouvait par conséquent fonctionner qu’à court terme.

Les enseignements tirés de la première vague ont débouché sur un changement d’approche. Au vu des disparités régionales en matière d’occupation des places en soins intensifs lors de la première vague, il a été décidé de répartir et d’équilibrer la charge lors de la deuxième vague grâce à des transferts de patients à l’échelle nationale. Ainsi, à l’initiative de la Société suisse de médecine intensive (SSMI), le SSC a élaboré un plan de coordination nationale des unités de soins intensifs, en collaboration avec le Secrétariat général de la Conférence des directrices et directeurs de la santé (CDS), l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), l’association H+ des hôpitaux suisses et l’Interassociation de sauvetage (IAS). L’objectif était de garantir une utilisation optimale des capacités de traitement en soins intensifs disponibles dans toute la Suisse par le biais d’un organe de coordination national. Les patients ont ainsi pu être transférés dans d’autres unités dans un premier temps, avant que des places supplémentaires en soins intensifs ne doivent être créées.

Cela montre que chaque crise impose des exigences différentes en matière de soins. Afin d’en tenir compte également dans le domaine de la formation, un cadre analytique basé sur les scénarios de l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) a été créé lors du développement du Campus SSC. Deux aspects en particulier sont pertinents pour le système de santé : premièrement, la charge médicale (nombre de personnes ayant besoin d’assistance, de blessés et de morts) et deuxièmement, la durée de la crise. La formation spécifique aux crises nécessite un certain degré d’abstraction car il est fondamentalement impossible de se préparer de manière adéquate à tous les scénarios imaginables.

Réfléchir à différents scénarios

La répartition par charge médicale et par durée d’engagement a permis d’élaborer des typologies de différents scénarios de crise pour le système de santé :

  • Type 1 : crises à évolution rapide (<10 jours) avec un événement local faisant de nombreuses victimes (p. ex. une attaque terroriste).
  • Type 2 : crises à évolution lente (>10 jours) avec un événement local ou régional (p. ex. des troubles violents).
  • Type 3 : crises à évolution lente (>10 jours) avec un événement à l’échelle régionale ou nationale (p. ex. une pandémie).

Chaque type de crise pose des défis différents au système de santé. Le type 1 requiert des compétences spécifiques au processus et la pratique de procédures automatisées depuis l’alarme jusqu’à la prise en charge des personnes touchées. Le type 2 nécessite une planification efficace de la préparation, tandis que le type 3 concerne principalement la résilience de l’organisation. Sur la base de ces exigences, ces compétences peuvent être définies et intégrées dans la formation. La gestion de crise pour le type 1 est en grande partie assurée par les cantons. Le SSC les soutient dans les scénarios correspondants, par exemple en mettant à disposition un système d’information et d’engagement (SIE) afin de garantir la disponibilité des données pour une prise en charge optimale des blessés (p. ex. capacités hospitalières, suivi des patients). Dans le cas du type 2, des informations supplémentaires relatives à la situation peuvent également être enregistrées et fournies sur le SIE. La mise à disposition de matériel ou d’experts supplémentaires est également coordonnée par le SSC. Dans le type 3, la coordination entre les cantons, par exemple pour le transfert de patients et de biens, est également soutenue par le SSC.

Service sanitaire coordonné (SSC)

Le SSC fédéral coordonne les partenaires du domaine sanitaire en Suisse en cas d’événement extraordinaire, de catastrophe ou de situation d’urgence. Son objectif est d’assurer les meilleurs soins possibles à la population dans toutes les situations. Sa mission consiste notamment à réfléchir avec les organisations partenaires à des scénarios, à tirer les enseignements de différents événements extrêmes et d’en tenir compte dans les recommandations, les mesures, les formations et les projets afin d’assurer une préparation optimale.

Si la situation l’exige, il est possible de mobiliser rapidement les réserves stratégiques du service sanitaire de l’armée. La double fonction de médecin en chef de l’armée et de mandataire du Conseil fédéral pour le SSC permet de raccourcir les circuits de décision.

 

Plus d’informations

 

L’autore: Stefan Katz, collaborateur scientifique SSC

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