Le Valais se prépare, en attendant le «Big One»
«Le tremblement de terre est un boxeur : il a la ruse, la patience et le punch», a écrit l’écrivain français Michaël Ferrier. Le Valais sait que dans les années qui viennent il sera confronté au «Big One», un tremblement de terre d’une magnitude supérieur à 6. Mais personne ne sait où, ni quand ce séisme aura lieu.
Si le canton n’est pas prêt pour une telle catastrophe, il s’y prépare. La population également doit être prête à faire face. Pour la sensibiliser, l’Etat du Valais a mis sur pied, samedi 11 mai, la première «journée cantonale séisme». L’occasion pour les Valaisans de s’informer sur la thématique, avec les différents ateliers mis sur pieds, de tester les effets d’un séisme, grâce au simulateur de tremblement de terre conçu par la HES-SO Valais/Wallis, mais également de découvrir que la protection civile est directement concernée par ce genre de catastrophes.
Pour présenter les activités de la PCi, une quarantaine d’astreints de la protection civile de la région de Sion étaient mobilisés. Les spectateurs ont pu découvrir les multiples facettes de la PCi, dont le rôle des pionniers, qui participent notamment à la réduction des dangers, au sauvetage dans les décombres ou à la remise en état des infrastructures. Différents aspects qui ont fait l’objet de démonstrations tout au long de la journée.
«Malheureusement, nous avons de l’expérience dans ce domaine», rappelle Frédéric Favre.
Si ces dernières décennies, le Valais n’a pas été frappé par un tremblement de terre important, le séisme de 1946 est de toutes les conversations. Ce tremblement de terre de magnitude 5,8 avait fait 4 morts. Plus de sept décennies plus tard, s’il devait se reproduire, le bilan serait bien plus lourd. «Si un gros séisme devait frapper le Valais central, les morts se compteraient par centaines, les blessés graves par milliers, les blessés légers par dizaines de milliers et le nombre de sans-abris approcherait les 100’000», souligne Claude-Alain Roch, l’ancien chef de l’office cantonal de la protection de la population.
La différence réside dans le développement de la vallée du Rhône. En 73 ans, la plaine s’est peuplée et elle abrite toujours plus de grosses industries. «En Valais, nous avons plus bâti au cours des 50 dernières années que lors des 10’000 ans précédents», souligne l’architecte cantonal Philippe Venetz.
Or, la plaine ne se compose pas d’un sol rocheux, mais de sédiments non consolidés, qui décuplent l’amplitude des ondes. «On peut comparer cela à un yogourt mocca, explique l’ingénieur cantonal Vincent Pellissier. Lorsque vous le tenez dans votre main, il est solide, mais si vous le secouez il devient liquide.»
La plaine du Rhône est donc l’un des endroits les plus dangereux en cas de séismes. Mais ce n’est pas le tremblement de terre lui-même qui est mortel, rappelle Vincent Pellissier, ce sont les effets qu’il provoque, comme l’effondrement des bâtiments, qui le sont. L’occasion pour Philippe Venetz de lancer un message : «Occupez-vous des bâtiments existants, ce sont ceux-là qui posent le plus de problème, les nouvelles constructions, elles, sont sûres».
Les présentations proposées lors de cette «journée cantonale séismes» étaient plus alarmantes que rassurantes. C’est la réalité du terrain qui veut cela. Selon les statistiques, le prochain gros séisme devrait frapper le Valais cette année ou l’année prochaine. Mais ce ne sont que des statistiques. La date exacte, personne ne la connaît. Paraphrasant Michaël Ferrier, Frédéric Favre souligne le côté vicieux du séisme: «Contrairement au boxeur, il nous attend même si on ne monte pas sur le ring».
3 questions à…
Claude-Alain Roch, ancien chef l’office cantonal de la protection de la population.
Quel est le rôle de la protection civile en cas de tremblement de terre conséquent en Valais ?
Claude-Alain Roch: La Protection civile doit notamment planifier l’accueil des sans abris, mais également participer au sauvetage dans les décombres. La PCi est indispensable au bon déroulement de la gestion de crise. Sans elle, nous n’arriverions pas à gérer une telle catastrophe.
Pourquoi ?
La protection civile est le deuxième échelon que l’on a dans le canton. Cela représente près de 3000 hommes. C’est une force indéniable pour donner le premier élan, afin de sauver les personnes prises au piège des décombres ou préparer les abris de secours, en attendant une aide extérieure. C’est le moyen que l’on a, en cas de grande catastrophe, pour arriver à passer les premiers moments difficiles.
A quel moment intervient la PCi ?
Dès les premiers jours. Lorsqu’une telle catastrophe survient, la PCi est à pied d’œuvre 24 heures après que l’événement se soit produit.