Vols annuels de la CENAL pour mesurer la radioactivité
Du 3 au 7 juin 2019, la Centrale nationale d’alarme (CENAL) a effectué comme chaque année ses vols de mesure de la radioactivité. L’équipe d’aéroradiométrie procède toujours ainsi : elle survole le secteur à mesurer à une hauteur d’environ 90 m afin de recueillir des données qu’elle envoie ensuite aux collègues restés au sol qui les exploitent immédiatement. Membre de cette équipe depuis 10 ans, Cristina Poretti est responsable aussi bien de la préparation des vols que de l’évaluation des données.
Quels étaient les points forts de votre programme cette année ?
Nous avons notamment mis l’accent sur les environs de la centrale nucléaire de Gösgen. Au cours de la décennie écoulée, nous avions déjà effectué plusieurs vols de mesure au-dessus de ce secteur. Cette année, nous l’avons élargi à la zone de protection 2.
Nous avions prévu un deuxième point fort : Lugano, la seule des dix plus grandes villes de Suisse où ce type de mesures n’a pas encore été réalisé. Malheureusement, nous avons dû repousser ce vol à cause du mauvais temps.
Cette semaine auront lieu les mesures aériennes de la radioactivité organisées par la Centrale nationale d'alarme #CENAL. Plus d'informations ici: https://t.co/3DyuReBK2O pic.twitter.com/RhNZRFa2oB
— Alertswiss (@Alertswiss) June 3, 2019
De quoi faut-il tenir compte pour préparer ces vols de mesure ?
La première chose, c’est de fixer la semaine où ils auront lieu. Cela se fait en général une année à l’avance, afin de pouvoir réserver l’hélicoptère. Ensuite, il faut définir les zones à mesurer. Nous les présentons lors de la réunion annuelle de l’équipe d’aéroradiométrie. C’est là que le programme est approuvé, mais les membres du groupe peuvent aussi apporter leurs idées. Après, nous répartissons les vols sur la semaine en fixant les lignes à effectuer. Puis nous informons les personnes concernées au niveau des cantons, en particulier les coordinateurs NBC, la police et les communes. L’information de la population, qui peut être affectée par les nuisances sonores, est aussi un aspect important de la préparation. Cette année, nous avons diffusé un communiqué de presse et des notifications via Alertswiss.
La réalisation de ces vols pose-t-elle des difficultés particulières ?
La météo est une donnée fondamentale. C’est le pilote qui estime en dernier recours s’il peut décoller ou non. Lors des vols de mesure, l’hélicoptère effectue des lignes parallèles à une hauteur permanente de 90 m. Ce n’est pas une promenade de santé.
Une autre difficulté, c’est que les régions survolées changent chaque année. Il est toujours possible aussi que nous mettions le doigt sur quelque chose d’anormal. Dans un tel cas, la CENAL doit contacter les autorités compétentes et lancer les investigations nécessaires. D’un point de vue géologique, les zones du Murgtal (vol de mesure 2017), du lac d’Émosson (vol de mesure 2012) et du Dischmatal (vol de mesure 2010) sont très intéressantes : en raison des radionucléides naturels, on y mesure des débits de dose supérieurs à ceux des régions habitées.
Pourquoi ces mesures sont-elles importantes ?
Ce programme permet à la CENAL de rassembler des résultats qui pourront servir de valeurs de référence en cas d’événement, si l’on soupçonne une augmentation de la radioactivité. Cette méthode permet de détecter sans difficulté un écart par rapport à la norme. En outre, il est profitable que les pilotes et l’équipe de mesure puissent s’entraîner régulièrement, notamment à l’emploi des appareils et à l’exploitation des résultats. Cette expérience pratique est fondamentale pour pouvoir être opérationnel en cas d’événement et protéger le mieux possible la population.
Les mesures aéroradiométriques, effectuées depuis un aéronef, permettent de relever la radioactivité au sol rapidement et sur une vaste surface. Chaque été, la CENAL organise une semaine de vols afin de collecter des valeurs et de garantir la capacité d’intervention des équipes de mesure et des appareils.
Pour en savoir plus:
Rapport d’exercice et résultats des mesures 2019
